Bosnie Herzégovine, Montenegro, Abanie... en longeant l'Adriatique (partie 2)
Bosnie Herzégovine
Après avoir enfin reçu notre « Green Card » (l’attestation d’assurance de Douglas), nous pouvons entrer en Bosnie. Après la Croatie qui bénéficie de la manne du tourisme, la Bosnie semble mal en point : les bâtiments sont dégradés, l’état des routes laisse à désirer. Nous passons une première nuit à Blagaj, au pied d’une forteresse en ruine, sur un chemin que nous n’aurions pas cru pouvoir emprunter…et qui s’avère, malgré son isolement, assez fréquenté et même la nuit. Il n’est jamais confortable de sentir les véhicules passer auprès de nous toute la nuit, d’autant qu’il s’agissait ici de fêtards assez bruyants qui nous ont maintenus en éveil plusieurs heures… Au matin, nous avons escaladé la montagne pour visiter la forteresse, d’accès libre, bien que dangereux car non entretenue et menaçant de nous assommer de vieilles pierres ! Les enfants ont aimé ramasser des dents de chèvre, des cailloux brillants, et s'approcher de près d'un magnifique cyprès.
Une vue dégagée sur la vallée aride.
Notre château fort pour la matinée
En redescendant, nous observons avec intérêt les fourberies d’un troupeau de chèvres qui se cache des chiens de troupeau en se perchant sur un pan de montagne presque vertical et inaccessible. Sont visibles des croix blanches en plusieurs point du paysage, visiblement les emplacements de victimes de mines anti-personnel… de quoi nous décourager de quitter les sentiers battus.
Nous partons à la visite de Mostar, ville moyenne qui nous a marqués pour la présence de traces persistantes et nombreuses des combats qui ont eu lieu ici lorsque nous étions enfants. La zone de ville ancienne entourant un vieux pont magnifique a été totalement reconstruite après les bombardements, mais le reste de la ville a gardé les stigmates des fusillades et explosions. C’est très éprouvant d’imaginer cette guerre si proche dans le temps et l’espace. C’est intéressant d’en parler aux enfants.
Le fameux pont de Mostar, reconstruit à l'identique à la fin de la guerre.
Les ruelles de la ville ancienne, de pierres des fondations aux toitures.
Nous en avons profiter pour déposer notre linge à la laverie, le temps de la visite. Pour garer Douglas, nous avons dû composer avec l’étroitesse de la rue principale, la bonne volonté d’un gardien de parking (à qui on a payé le stationnement pour qu’il ait l’œil, sans nous garer sur son parking !), et les vues malhonnêtes d’un passant qui prétendait qu’on devait lui payer quelque chose pour pouvoir rester là…
Nous nous sommes remis de nos émotions avec un déjeûner gargantuesque en terrasse avec vue sur le pont de Mostar duquel s’organise chaque année un concours de plongeons… vertigineux !
J’ai bien aimé visiter la mosquée, la première de ma vie. Je l’ai trouvée colorée et gaie. Ce sera le seul pays du voyage dans lequel nous entendons conjointement les appels des muezzins, et les cloches des églises. La cohabitation religieuse semble fonctionner ici.
La vue sur la mosquée depuis le pont
L'intérieur de la mosquée: coloré et lumineux
En buvant un café turc dans un salon de thé de la mosquée, le propriétaire nous a raconté quelques histoires sur la ville et nous a conseillé des lieux à voir. Il était très sympathique et accueillant. Nous avons aimé les bakhlavas, moins le café : trop fort et épais à notre goût ! Suivant les conseils de notre hôte, nous avons donc traversé la ville pour passer dans une rue dans laquelle se trouve une prison, et dont l’état des immeubles est encore très marqué par la guerre, mais dont les façades ont été taguées et peintes aux couleurs de l’espoir. Ce qui était étrange, c’était de voir les murs de certains appartements béants, démolis par des bombes, mais les logements voisins intacts et occupés.
Les traces de la guerre sur les bâtiments
Les tags sur le mur de la prison
Un bâtiment en ruines, menaçant de s'effondrer sur la rue
Après cette incursion en Bosnie, nous avons continué vers le Sud et à nouveau la Croatie, et Dubrovnik, dont j’ai parlé dans le précédent article.
Montenegro
Durant la vague de froid, décidés à atteindre la Grèce, nous sommes juste passés au Montenegro, qui visiblement mériterait pourtant plus d’attention.
Nous avons d’abord été surpris par la qualité impeccable de l’autoroute. Bon, cela n’a pas duré. Sans indication aucune, on se retrouve sur une piste en terre, toute en creux et bosses , peuplées de chiens errants, et même de vaches, pendant une quinzaine de kilomètres ! C’était assez drôle !
Nous avons apprécié la visite du monastère d’Ostrog, creusé à flanc de falaise, dans ces montagnes tachées de coulées noires (d’où le nom de Montenegro ?). L’accès fut assez compliqué : une route très étroite, sinueuse et grimpant dans les hauteurs, de nuit pour ne rien gâcher ! Arrivés devant un tunnel, nous n’étions même pas sûr de passer en dessous, mais impossible pour moi de descendre guider Antoine au volant à cause d’une bande de chiens errants peu accueillants ! Nous nous en sommes finalement bien sortis malgré les sueurs froides, et avons dormi sur le parking au pied du monastère.
Cet édifice construit dans la roche est spectaculaire
La vue sur les motagnes noires
Nos enfants qui jouent partout, tout le temps...
Nous étions seuls à gravir le chemin qui y mène. La vue d’en haut était très belle, l’ambiance calme et reposante. Nous n’avons croisé que quelques popes occupés, nous laissant à loisir nous imprégner de la piété du lieu. Sur l’esplanade située au pied du monastère, semble se dérouler aux occasions, d’immenses célébrations attirant de nombreux fidèles. Les pèlerins déposent avec leurs prières de petits bracelets, accessoires de cheveux, rubans sur les branches tout au long de la montée ; nous avons dû décourager les enfants de partir avec !
Continuant le long de la côte, nous avons fait une pause au-dessus de la ville de Sveti-Stefan, inaccessible en camping-car mais dont nous avons pu admirer la presqu’ile fortifiée de loin. Garés sur le parking du restaurant, les gérants nous ont autorisés gentiment à rester pour la nuit, nous avons donc pu profiter d’une vue superbe sur la côte, avec au loin les orages sur la mer, et d’un bon repas du Montenegro, dans ce sympathique restaurant.
Le coucher de soleil sur la mer et la presqu'ile fortifiée de Sveti Stefan
Les enfants contemplent l'orage sur la mer
Albanie
Le passage en Albanie fut également bref, nous avons passé une nuit auprès d’un lac superbe, entouré de montagnes, et de lieux d’accueil de luxe pour touristes. Mais à quelques centaines de mètres seulement, des bidonvilles contrastent durement avec cette débauche de confort. C’est la première fois que nous sentons la misère définitive depuis notre départ. Et ce contraste sera de mise durant toute notre traversée du pays : des habitations délabrées côtoient des bâtiments flambants neufs tout de blanc et d’ors, faux temples grecs affichant « wedding house » en lettre lumineuses…tapage à l’américaine devant lequel passe le vieux berger et son troupeau de chèvres… Le patrimoine semble pourtant être d'une grande richesse. Nous n’avons cependant visité que la ville de Gjirokaster, dont le château et les ruelles typiques valaient le détour.
Une nuit au bord du lacLa vue sur la ville de Gjirokaster, aux toits de pierre Le châteauDe vieux canons anglais
Les arbres s'approprient les lieux!
Les rues charmantes de la ville ancienne
Nous avons découvert dans un petit restaurant tenu par un couple de sexagénaires bien sympathiques, les charmes de la cuisine albanaise : à base de riz et de légumes, très savoureuse : nous nous sommes régalés.
Une fois n’est pas coutume, nous avons acheté quelques bols en céramique peints très jolis, qui nous feront un souvenir une fois rentrés en France.
Toujours trouver les moyens de les laisser apprendre...ici avec une des nombreuses oranges cueillies en Croatie
Mais l’ambiance et le contraste saisissant ont eu raison de mon enthousiasme et nous avons décidé de ne pas aller plus loin dans notre exploration de l’Albanie… bien inspirée peut-être, était-ce une intuition ? Quoi qu’il en soit, le lendemain de notre passage de la frontière grecque, et à l’endroit où nous avions prévu de nous trouver en Albanie, s’est produit un violent tremblement de terre qui a fait des centaines de victimes et dégradé de nombreux bâtiments… Pleins de tristesse pour les victimes, nous devons nous rendre à l’évidence : notre bonne étoile a encore frappé. C'est avec soulagement que nous arrivons en Grèce.